BTC : Chaux time en NHL
Avec un titre pareil, j’imagine déjà attirer tout les fans de George Eddy « googlisant » à la recherche de la retranscription d’un de ses emballements journalistico-sportifs légendaires. Bon, c’est sûr, il faudrait pour cela un sacré laxisme orthographique de la part de Google. Et puis le hockey c’est pas trop son truc à George, qui s’enthousiasme habituellement plus pour la NBA… Enfin, il reste « BTC ». Et là, y’a rien à faire, j’ai beau fouiller le WEB, l’acronyme nous écarte définitivement de la sémantique des sports US. Si ce n’est le « By The Way » des habitués de messageries instantanées, même Wikipédia n’a rien d’autre à proposer qu’un oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan !!!
Alors précisons donc le sujet de cet article, qui est peut-être moins attrayant pour certains que ce qui fut évoqué plus haut (surtout depuis que cet oléoduc est passé sous les projecteurs aux cotés de Pierce Brosnan et Sophie Marceau…), car il s’agit en fait d’un problème beaucoup plus terre à terre (crue) : La construction de notre cloison en brique de terre compressée (BTC).
Cette cloison intérieur correspond à un mur de refend en ossature bois de près de 5m de long localisé derrière le poêle. On a décidé de la garnir de BTC, notamment pour son inertie thermique. Les briques font chacune autour de 8 kilos et possèdent les dimensions suivantes (en gros) : 29cm x 14 cm x 11 cm. Nous nous sommes procurés ces briques chez une personne qui les produits de façon très artisanale. Rien que le transport fut déjà une aventure… (cf. articles précédents).
Le mur est constitué de montants en bois espacés de 61 cm. Ce qui fait 2 briques entre chaque montant sur 21 rangs, soit 42 briques. Bien sûr, dit comme ça, ça parait simple. Mais comme il faut éviter de superposer exactement chaque brique pour la résistance du mur et pour son esthétisme, on a décidé de réaliser un décalage d’un tiers de brique à chaque niveau. Au départ, les découpes de BTC m’inquiétaient beaucoup vu la fragilité de ces briques. Mais au final, ce n’est pas la partie la plus difficile, et certainement pas la plus longue : Avec un gabarit pour tracer rapidement les lignes de découpe, et une meuleuse d’angle avec un disque diamant de 230mm, ça ne pose pas de gros problème. En fait il suffit de couper au niveau des 2 faces visibles, et même si la découpe n’est pas très droite dans la profondeur, ça ne se voit pas une fois les briques posées!
Mais venons-en au « NHL » du titre. Evidemment, ça n’a rien à voir avec la ligue américaine de Hockey, bien qu’il s’agisse encore d’un acronyme anglais : « Natural Hydrolic Lime » ou en français « Chaux Naturelle Hydraulique ». Mais quèsaco ? Commençons par la chaux qui est à la pierre calcaire ce que le Tang était au jus d’orange. Elle remplace donc avantageusement le ciment dans le mortier utilisé pour les BTC, notamment pour ses propriétés de perméabilité à l’air. Mais comme ce serait trop simple d’avoir un produit unique s’appelant « Chaux », il est nécessaire d’approfondir la question et choisir entre la chaux aérienne et la chaux hydraulique. Et pour cette dernière, il existe encore différent niveau d’hydraulicité : NHL 2, NHL 3,5 ou NHL 5 !!! Plus la chaux est hydraulique, plus elle est résistante à l’eau mais plus elle s’assèche vite rendant son utilisation plus laborieuse. La chaux aérienne étant plutôt utilisée pour les enduits intérieurs, et la NHL 5 pour les murs extérieurs, mon choix se porte sur la NHL 3.5 (de toute façon il faut aussi faire avec l’offre limitée des magasins de bricolage !). Mais attention, il reste un dernier écueil à éviter : L’effet « Z ». En effet, cette lettre est parfois ajoutée au nom déjà fort sympathique de la chaux NHL. Et dans ce cas attention…Car elle est alors « batardée » ! Non non, ce n’est pas une insulte, cette mention indique simplement que du ciment y a été mélangé, ce qui n’empêche d’ailleurs aucunement d’ajouter l’adjectif « naturelle » ! Cette adjonction de ciment à la chaux permet, je crois, d’avoir une résistance accrue du mortier, mais par contre le temps de séchage est encore diminué, comme sa « respirabilité ».
La partie la plus laborieuse de la réalisation du mur correspond donc à la pose elle-même. Car même si la technique est identique à celle utilisée en maçonnerie traditionnelle, une brique de terre crue n’est pas un parpaing ! Celle-ci absorbant l’eau très rapidement, le mortier s’assèche en quelques secondes même avec un trempage complet avant la pose, imposant un positionnement éclair. Et comme ces briques sont très fragiles, l’utilisation du maillet ne doit pas être intensive, sous peine soit d’ébrécher la brique soit carrément de la casser. (Peut-être intéressant pour des débuts en kung-fu!) Au final, il m’est arrivé plusieurs fois, de retirer la brique, enlever le mortier et recommencer.
Après l’essai de différentes méthodes, j’ai préféré dissocié le montage des briques de la réalisation des joints. Mais de toute façon la réalisation de ce mur nécessite beaucoup de temps, et si toutes les briques sont maintenant en place, il me reste encore une partie des joints, et un nettoyage complet pour retirer au maximum les traces de laitance laissées par le mortier. Et j’avoue commencer à en avoir plein le dos, voire un peu plus bas !